J’accompagne les personnes dans leurs émotions du quotidien, mais également celles qui sont causées par un évènement douloureux. Je les accompagne dans leur chemin. Mais ce chemin, a-t-il une fin un jour ? Terminons nous un jour notre deuil ? Qu’est ce que cela veut dire de terminer son deuil ? Je me laisse aller à mes inspirations qui sont venues à cause ou grâce aux portes du bloc…
Déjà, nous pouvons nous accorder et je vous rassure, « cheminer » ne veux pas dire oublier. Cheminer c’est prendre un chemin. Prendre un chemin qui a été cabossé par une épreuve. Vous le voyez ce chemin avec ces creux, ces cailloux énormes qui obstrue toute la largeur, ce chemin tortueux. Vous avez réussi à passer ce bout de chemin qui vous a laissé des blessures, plus ou moins profondes. Certaines de ces blessures sont très douloureuses car elle ont été faites sur des cicatrices antérieur. Cette nouvelle blessure a ravivé la douleur de la cicatrice. Certaines ont la même intensité de douleur ou plus ou moins, car elles sont positionnés dans la zone la plus sensible pour vous.
Une fois que vous avez pris conscience que le chemin que vous aviez jusqu’à présent sera définitivement changé, que rien ne pourra faire revenir les jolies fleurs qui se sont envolées sous le poids de ces gros cailloux, vous aller doucement avancer, cheminer.
Vous aller prendre ce nouveau chemin qui se dresse à vous, au delà des pierres qui vous ont fait souffrir et vous allez avancer doucement. Au fur et à mesure de votre avancée, vous allez croiser d’autres personnes sur ce chemin, ils vont vous dire des choses, vous ouvrir des portes (que vous ouvrirez maintenant ou plus tard). Dans un premier temps, vous ne verrez que les cailloux parsemés au bord du chemin. Ces cailloux ressemblants à ceux qui vous ont enlevé vos fleurs. Vous allez avancer… cheminer …jusqu’à ce que vos blessures deviennent cicatrices. Jusqu’a ce que vous voyez en premier lieu les fleurs qui jonchent le chemin, même si entre, les cailloux sont toujours là …Puis un jour ces cicatrices seront vos forces, votre énergie intérieur qui vous feront avancer. Vous allez vous assoir sur un gros caillou sur le bord de votre chemin; et vous allez regarder tous les pas que vous avez fait. Vous allez regarder tout ce qu’il vous a fait découvrir d’un point de vue extérieur et intérieur.
Alors est-ce à ce moment là que l’ont dit que l’ont a fini son deuil ? Est-ce lorsque l »on prend conscience de tout ce chemin, de ce que cette épreuve nous a apporté au delà de la souffrance ?
Alors de mon point de vue, je ne pense pas. Le deuil n’a pas de fin, tout comme un chemin n’a pas de fin pour moi. La blessure s’estompe, pui disparait et devient cicatrice grâce à tout ce qui permet que cette blessure ne s’inflamme pas. Elle devient une cicatrice qui fait référence, qui rappelle pourquoi elle est là. Mais une cicatrice peut par moment et cela n’enlève en rien à la guérison de la blessure, se raviver par quelques douleurs.
Cette semaine je me suis faite opérer pour une opération bégnine programmée pour lequel j’avais le choix d’être endormie entièrement ou en rachianesthésie (juste le bas du corps). Je voulais la rachi car je mes peurs intérieur m’ont emmené à : si je suis endormie entièrement et que je ne me réveille pas, que vont devenir mes enfants, je ne leur ai pas laissé de mot …. (et oui nous avons tous des sujets à aller creuser 😉 ). Un peu stressée par l’opération mais tout de même sereine je me prépare à aller au bloc. Le gars qui fait mon transfert chambre -bloc me demande si j’ai déjà été opéré . Je lui dit que oui pour les ligaments mais que je suis un peu stressée. Il me dit de décroiser les jambes car ce n’est pas bon pour les varices … Ok nous n’auront pas d’autres échanges …
Et je me retrouve plantée là sur un fauteuil roulant devant 2 portes de blocs de préparation d’opération.
En une fraction de secondes, Flash back dans ma tête . Ces portes de bloc m’ont ramenées aux portes de blocs lorsque je devait faire mon amniocentèse pour vérifier la probabilité de trisomie de ma fille. En l’espace de quelques secondes, le fil des évènements pré accouchement par IMG de ma fille ont défilés. Les larmes me sont montées. Seule face à ces portes de bloc, entre des meubles qui visiblement gênait un autre soignant.
Deux simples portes de blocs qui n’étaient même pas dans le même lieu que les interventions pour ma fille. On m’a fait rentrer dans la salle de préparation à l’opération. L’anesthésiste est arrivé et nous avons échangé sur les deux hypothèses d’anesthésie. Finalement j’ai optée pour la générale car il m’a rassuré sur cette notion de réveil et que c’était ma solution à moi pour ne pas me laisser submerger par cette émotion liée à mes épreuves antérieur.
Tout c’est bien passé… Je sais à présent que ce deuil fait partie de moi et le fera toujours. Je sais aussi que j’y ai trouvé un chemin paisible qui me porte à chacun de mes pas. Je sais que parfois je vais trébucher sur des pierres qui vont me rappeler celles du début de ce chemin. Mais je sais que c’est normal. Je sais aussi que je vais vais pouvoir aller chercher un peu plus au fond de mon inconscient ce que génère cette symbolique des portes hospitalier. Pour que la prochaine fois que je retombe sur cette même petite pierre, elle résonne différemment en moi. Pour que la prochaine fois j’y vois la fleur qui se trouve à côté de cette pierre.
Je vous souhaite à tous de cheminer sur votre chemin de manière sereine. D’accueillir ces nouvelles pierres qui viendront raviver ou amener d’autres cicatrices. Je vous souhaite de transformer ces cailloux du plus petit qu’il soit au plus grands et un joli champs de fleurs, longeant votre chemin.